26 – 30 Décembre
Lorsqu’on découvre Kalaw, au cœur de l’état Shan, ce 26 décembre au petit matin, on sent tout de suite le changement d’atmosphère. Il est 6h du mat et il fait frais, cela nous fait tout bizarre de frissonner, nous sommes à 1300 mètres d’altitude et cette ambiance montagnarde n’est pas désagréable.
Notre 1er trajet en bus de nuit s’est déroulé au mieux : on a réussit à dormir à peu près malgré les chaos de la route et les arrêts tous les 2h (sans doute parce qu’on a pas bu les boissons énergisantes distribuées dans le bus 🤨). Le bus est arrivé à l’heure prévue et pas en avance comme c’est souvent le cas (et c’est jamais agréable de se retrouver planté dans une gare routière au milieu de la nuit avec kids et bagages ).
On sent aussi qu’on retrouve une région plus touristique : la petite ville est truffée d’hôtels plutôt mignons et de restos avec des cartes beaucoup plus « occidentales », miam.



On s’est gardé 2 jours « off » pour récupérer faire les lessives, faire les devoirs (vite fait…) et découvrir un peu la ville avant notre départ en trek.



Nous savons que nous partons faire le fameux trek avec Pho (qu’on appelle Apo) qui a déjà emmené les familles de Séb et Charlotte il y a un an, et Anne-Claire et Gildas cet été. Il est à son compte sous le nom de Peace Land Trekking. On le rencontre dans un café à Kalaw pour préciser notre itinéraire ensemble. Il nous décourage dans nos velléités d’aller plutôt vers Pindaya : les chemins sont moins tracés, plus durs avec les enfants…
Lorsqu’on lui parle de notre envie d’aller visiter le marché d’Aungpan le lendemain, il se propose de nous accompagner. Trop cool !
Si les gens sont gentils et souriants, la communication est souvent compliquée avec les birmans, il y en a peu qui parlent anglais. Etre avec Pho nous permet d’avoir des échanges plus poussés que d’habitude
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Exemple d’un échange avec Birman (à peu près transposable quelque soit l’ethnie et la région de notre interlocuteur) :
On dit « Mingalaba » (bonjour). C’est sûr que on a pas poussé loin notre connaissance de la langue birmane…
Le birman nous regarde, montre les enfants et compte 3 avec ses doigts d’un air admiratif en disant « baby ».
On lui confirme que nous avons bien 3 enfants. On désigne chacun des enfants en donnant leur âge avec les mains
Sourires et acquiescements
En général, la discussion est cloturée par un « Biou Ti pou ». Pas de panique, rien à voir avec une menace éventuelle de poux mais en fait un joli compliment ( comprendre beautiful)
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Donc, nous déambulons avec Pho, plusieurs ethnies sont représentées dans le marché mais il faudrait passer des mois dans ce pays pour apprendre à les reconnaître et à démêler les liens qu’elles entretiennent entre elles… Pho, lui même Taung Yoe, communique en birman avec les gens, il ne comprend pas les langues des autres ethnies que la sienne.










Après le marché « classique », Pho nous emmène dans une espèce de marché de gros puis le marché aux boeufs. Moment hors du temps, les touristes ne s’aventurent pas jusque là en général. En tous cas, encore plus que d’habitude, on se sent les seuls au milieu des locaux.
Épreuve pour mon cœur de maman lorsqu’il faut traverser parmi ces gros bestiaux qu’on a vu se battre quelques minutes avant et qui n’ont pas l’air franchement dociles.



Ambiance du marché au boeufs
Le lendemain, c’est le départ pour le fameux trek Kalaw-Lac Inlé. C’est un moment que j’attends avec impatience pour en avoir beaucoup entendu parlé. Et puis, il y a un côté ultra-reposant à être pris en main (et en de bonnes mains avec Pho) pendant 3 jours et de ne rien avoir à gérer !
Le trek dure 3 jours et 2 nuits. Nous allons marcher environ 6h par jour et 5h le dernier jour mais juste sur une demie-journée.
On a un peu peur de se retrouver sur une autoroute de touristes. Mais finalement nous ne croiserons pas trop d’autres randonneurs :
- Si ce trek est un des highlights du Myanmar, c’est un pays encore méconnu donc on est loin des affluences touristiques d’autres pays d’Asie du Sud Est.
- l’affaire des Rohingas, exposée par les médias cet été (c’est un conflit existant depuis 2011) a dissuadé beaucoup de monde de visiter le Myanmar. On se le fera confirmer à plusieurs reprises (nous nous étions également posé la question : « est-il éthique d’aller faire le touriste dans un pays où l’armée massacre une partie de sa population ». C’est un sujet super compliqué, en tous cas, nous ne regrettons pas notre choix car les gens ont aussi besoin des revenus liés au tourisme)
- Pho nous emmène sur son propre itinéraire qui passe par son village.
La première matinée, nous commençons par un chemin à travers une forêt de pins avant de découvrir les champs.

Les paysages sont magnifiques. Le temps est couvert, c’est dommage pour les photos mais mieux pour le bon déroulement du trek : difficile d’imaginer comment on aurait fait marcher les enfants sous un soleil de plomb ! On s’étonne des couleurs, il y a des sortes de « tapis » rouges parsemés dans le paysage : Pho nous explique que ce sont des piments qui sèchent. Et effectivement, on ne sera pas en reste au niveau piment : on en verra sur pied, en train de sécher à l’air libre ou d’être triés… et ouf, un peu moins dans nos assiettes. Pho Tu (oncle de Pho), le cuisinier que nous retrouvons aux différentes étapes, fait attention à nos palets délicats.
Pendant toute le trek, nous assistons à des scènes rurales dans les champs, traversons des villages des minorités ethniques Pa O et Danu où la plupart des gens nous saluent, nous sourient ou nous arrêtent pour nous poser des questions. Beaucoup s’étonnent de voir des enfants marcher sur cette distance.

On retrouve nos amis les bœufs :












Au terme de cette première journée de marche, les enfants nous ont épatés. Pour passer le temps, on se raconte des histoires (Coline a raconté une histoire qui a dû durer au moins 1h… ), on apprend le présent des verbes du 1er groupe, on chante des chansons…
Le soir, Pho inaugure avec nous un concept de camping (en général, le trek c’est 2 nuits chez l’habitant). Nous arrivons sur une colline surplombant son village, Gant Gaw Pin , il nous présente sa maman et sa famille. Tout ce petit monde débarque le matériel pour installer le campement. . Petit moment de flottement car quand même, il ne fait pas chaud, pas impossible qu’il y ait de la pluie vu l’état du ciel et on ne pourrait pas vraiment qualifier le matos de technique : les tentes, fraîchement acquises sont de qualité « chinoise », comme tout ici : pas sûre qu’elles survivent à beaucoup de trek (mon t-shirt à l’air plus résistant) et des nattes feront office de tapis de sol. Pas de souci, Pho nous dégote toutes les couvertures disponibles du village.
On aide les villageois à monter les tentes (c’est définitivement la 1ère fois, les enfants leur montrent comment faire), ils nous font chauffer du thé dans du bambou et on installe les tentes (les mecs d’un côté les filles de l’autre) en repartissant les couvertures avec Coline (elle est championne dans ce genre d’organisation).
Pho se démène pour aller dans le village voisin dégoter des instruments de musique traditionnels (ceux de son village sont cassés). Le concert peut commencer, le femmes et fillettes du village commencent à danser. Elles essayent d’entraîner les enfants mais il faut avouer que c’est pas trop leur came de danser comme ça au coin du feu et qu’ils sont quand même rincés après la journée.
Voilà un peu l’ambiance :
Le réveil du 2 jour est magnifique, on ne peut pas rêver d’un plus beau cadre pour son petit déjeuner :




Au cours du 2e jour, on continue à traverser des villages, des plantations de piments, gingembre, ail, aubergine, maïs. Ce n’est pas l’époque du riz. Les paysans n’utilisent quasiment aucune machine, tout se fait à l’ancienne, à la main.







On s’arrête à nouveau dans un village pour le déjeuner. Les parents s’écroulent, les enfants rigolent.

On reprend la route, objectif : un autre village où l’on passera la nuit








L’après-midi, nous assistons sur le fleuve à quelques scènes cocasses : des jeunes se sont construits un radeau et semblent narguer ceux du village voisin qui construisent le leur. Pendant ce temps là, les chars à bœufs circulent tranquilou dans le lit du fleuve.
Une jeune maman Pa O qui se rend au village de ses parents

Le soleil pointe son nez en fin de journée, les couleurs sont magnifiques dans un cirque de cultures en terrasse
La journée et les activités aux champs se terminent, et nous sommes rejoints sur le chemin par les travailleurs rentrant au village (enfants et adultes).


On est reçu par une famille, cette fois il y a des chaises et une table, rare dans les maisons. En général, les repas se prennent sur les nattes à même le sol.

Le lendemain, on rallie en une matinée le dernier tronçon pour rejoindre le Lac Inlé. La dernière descente nous demande pas mal d’efforts, il y a quelques chutes et des chevilles foulées.
On arrive au Lac Inlé sous le soleil (l’histoire nous dira qu’on aurait dû en profiter !). On est super fier de nos petits loups qui ont encaissé presque 18h de marche et 50 km en 3 jours sans (trop) se plaindre.
Ces 3 jours ont été riches en rencontres, moments forts, fous rires .
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Mon fou rire du trek :
Contexte : En Oman, Clem nous avait expliqué qu’on pouvait se mettre du sable dans les oreilles pour le garder en souvenir ( il peut être fantasque…).
Nous jouons souvent à se faire deviner quelque chose qui peut être une personne, un objet, un animal, de la nourriture, un élément (!)…
A l’indice « ça peut se mettre dans les oreilles » (je faisais deviner boules quies), réponse spontanée et enthousiaste de Clem : « du sable » 😂
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Quelques courbatures aussi. On en a pris plein les yeux et Pho est élu meilleur guide par les enfants. Il s’est montré d’une patience et gentillesse constantes, toujours prêt à aider les enfants.
Si vous avez l’occasion de faire ce trek un jour, contactez Pho, il vous fera un périple aux petits oignons : https://www.facebook.com/peaceland.trekking.9


La suite de nos aventures se passeront au Lac Inlé et commenceront… par une bonne lessive, comme la plupart des bonnes aventures !
Je ne ferai aucun commentaire sur ta tenue Capu ! AUCUN !
Tu nous fais voyager avec ton article que je trouve excellent…hâte de lire les suivants! Bisous à toi et les enfants:)
Merci Aicha, on essaye de s’atteler aux suivants mais c’est du taf et on est à la bourrrrrrre
Passionnant !
J’adore j’adhère!!! Vous me faîtes voyager avec vous et c’est top! Les enfants ont l’air d’être cool et c’est génial s’ils se plaignent pas trop. Je vais les retrouver tout changer et tout grandis à votre retour!
Et toi avec Damien alors, pas trop fatigués quand même?
Je vous embrasse
Merci Capu ; j’ai fait un voyage dans mon fauteuil … à suivre? Il y a des super bonnes photos
Bon de vous lire. Genial ce trek et bravo les enfants! On vous embrasse et sommes tous heureux de vous suivre dans cette belle aventure!
une vraie pub ambulante pour le PSG cet Hadrien!! Belles photos, profitez les amis!
Magique!
Et encore bravo les enfants!
Dam pas trop mal au dos avec le sac non stop?
Surtout ne perdez pas le rythme pour les articles, ça ne doit pas être évident de trouver le temps mais nous on est fans!
Ca a l’air dêtre sympa, votre hôtel. Je vous souhaite un bon tour du monde
— Diane
Si les chaussettes ne se lavent pas, dites-le nous, on vous en enverra par colis. 😉
— Aliénor
Belle rando ! A quand les contreforts de l’Himalaya ?
— Ludovic
savat
bisous
jo
Tu nous as presque dit bonjour en thaï: sawadi… Auquel t’ajoutes ka si t’es une fille ou kap si t’es un garçon 😘😘😘
ça va tout le monde?
bisous
jo
Génial vous nous faites voyager avec vous.. dis donc sympa le coup de soleil capu.. et les chaussettes de coco !!
Chez nous c’est plutôt neige et grand froid.
Bises
Bon courage pour le froid. Et bonnes vacances !
Formidable, ce trek !! Et le grand avantage : plus l’ombre d’un bouddah ni d’un palais tout doré ! Ca repose !!